Qu’est ce que le yoga ?
Le yoga est une discipline, une ascèse, mais aussi l’état d’union qui en découle. Il existe plusieurs types de yoga, le plus pratiqué en occident étant le hatha yoga. Il s’agit de la pratique des « asanas » ou postures avec une attention conjointe sur la respiration et le mental.
Pour les indiens, il existe d’autres approches du yoga telles que le bhakti yoga ou yoga de la dévotion, le karma yoga – voie de l’action désintéressée – , le jnana yoga – yoga de la connaissance, ou encore le raja yoga – « voie royale » vers l’illumination.
Au fil des siècles, les maîtres yogis, appelés gourous, ont développé des approches sensiblement différentes de cette pratique posturale. Mais la plupart d’entre eux se réfèrent aux mêmes textes notamment – les Yoga-sutras de Patanjali et la Hatha Yoga Pradipika.
Le yoga – Définition
Les origines du yoga
Entre le Ve siècle av JC et le IIe siècle apr. JC
Différents « moyens » se précisent :
Jnana yoga : apprentissage des textes qui permet une connaissance spirituelle
Karma yoga: yoga de l’action rituelle, qui désigne également l’action désintéressée
Bhakti : yoga de la dévotion.
Puis au IVe siècle apr JC
Apparaît le patanjali yoga. Systématisé dans les yoga sutras, ce yoga est lié à une vision particulière du monde – le samkhya -.
A côté des textes, on trouve des gens appelés les sramanas, qui s’adonnent à des expériences spirituelles. Parmi ces expériences, le « tapas » consiste à échauffer le corps pour obtenir une maîtrise parfaite de l’esprit.
A partir du Ve siècle apr. JC
Se dessine un autre courant, le tantra, notamment au cachemire et au Bengale. Il s’agit d’une vision particulière du monde où tout est énergie.
Dans cette conception, Il y a correspondance entre le macrocosme et le microcosme. Tout ce qui est dans le corps est dans l’univers et tout ce qui est dans l’univers est dans le corps. A travers une sadhana, une ascèse, on cherche la délivrance – moksa. L’énergie est assoupie dans le corps et son réveil permet la libération. Parmi ces yogas, on trouve le kundalini yoga et le tantra yoga.
Dans les tantras, on trouve notamment la récitation des mantras – sons et silences. La transmission s’effectue de maître à élève, et chaque communauté présente des signes distinctifs tels que des colliers et des traces sur le front.
Synthèse du tantra et du tapas, le hatha yoga apparaît entre le XII et le XVe siècle
Dans les tantras, il n’y a pas d’asanas à part l’assise. Le hatha naît de la rencontre de pratiques posturales avec une vision énergétique du corps. Ainsi dès le XIIè siècle, le dathatreya yoga shastra décrit les techniques de laya, mantra, hatha et raja yoga.
Laya : yoga de la dissolution, comme la posture du cadavre , shavasan
Mantra : récitation de son issue directement du tantra
Hatha : mudras et bandhas, gestes psychiques et « ligatures »
Raja : méditation
Au XVè siècle, en 1450, est écrite la hatha yoga pradipika. Elle compile des éléments du XIIème au XVe siècle; Ce texte emprunte à pas moins de quinze textes. Elle décrit le hatha yoga comme le moyen d’atteindre le raja yoga – la méditation. La hatha yoga pradipika décrit seulement quinze postures dont neuf assises.
Après le XVe siècle
Et particulièrement vers le XVII et XVIII siècle, apparaissent des ouvrages qui décrivent des centaines de postures. Le yoga, contrairement à la science moderne, n’évolue pas. Il s’agit plutôt d’explorer des vérités dites avant. Le yoga est une expérience , reproductible par tous.
Sources :
– D’après les cours de Raphaël Voix, spécialiste en culture indienne au CNRS.
– Formation de l’Ecole Française de Ashtanga Yoga, Caroline Boulinguez
Histoire du yoga ashtanga
Parmi les maîtres contemporains, Sri K.Patthabi Jois (1915 – 2009) a développé avec son maître Krischnamacharya, une méthode unique appelée Ashtanga Vinyasa yoga.
Patthabi Jois a étudié puis enseigné le yoga pendant 70 ans.
Il commence à pratiquer le yoga à douze ans auprès de son maître T.Krishnamacharya. Ensuite, il étudie avec lui pendant 25 ans, dont les deux premières années tous les jours. En parallèle Patthabi Jois étudie le sanscrit, les védas et l’advaita vedanta de 1930 à 1956.
Il retrouve son maître dès 1931, date à laquelle Krishnamacharya vient s’installer à Mysore, sur demande du Maharaja. Patthabi Jois enseigne ensuite de 1956 à 1973 au Maharaja’s Sanscrit college. C’est en 1973 qu’il quitte son poste pour se consacrer exclusivement à l’enseignement du yoga.
Dans les années soixante, les premiers européens viennent à sa rencontre, notamment André Van Lysebeth. Ce dernier est considéré comme l’un des pionniers du yoga en occident. En 1973, les américains découvrent cette pratique et invitent Patthabi Jois à venir aux Etats-Unis l’année suivante. Depuis, le nombre d’adeptes n’a cessé de croître sur tous les continents.
Source : Yoga Mala
A quoi sert le yoga?
Le but ultime du yoga est le samadhi, décrit dans les yoga sutras de Patanjali. Ce texte, pour lequel il existe de nombreux commentaires et interprétations, décrit le chemin qui mène à cet état de samadhi.
Lorsque les cinq sens de la perception réunis au mental sont au repos, lorsque l’intellect lui-même a cessé de fonctionner, alors, selon les sages, est atteint l’état suprême. Katha Upanishad III.10
D’après la Hatha Yoga Pradipika, ce chemin est difficile et il est réservé à des gens ayant une forte volonté. Pour les autres, il faut utiliser d’autres approches et notamment le hatha yoga : « Le hatha yoga sous la forme d’asanas, de pranayama et autres pratiques, devrait être maîtrisé jusqu’à ce qu’on soit prêt pour le raja yoga » v.I:68,69
Le Raja yoga ou Patanjali yoga comprend huit étapes fondamentales :
1. Yama : code social
Les yamas ont pour but d’harmoniser les relations sociales et consistent en cinq aspects :
Ahimsa : non violence
Satya : vérité
Asteya : honnêteté
Brahmacharya : abstinence sensuelle
Aparigraha : non possessivité
2. Niyama : code personnel
Les niyamas visent à harmoniser notre relation à nous-même en réduisant les tensions entre les actions extérieures et les attitudes intérieures. Ce sont :
Shaucha : propreté
Santosha : contentement
Tapah : austérité
Swadhyaya : étude de soi
Ishwarapranidhana : abandon à la volonté cosmique
3. Asana : posture assise confortable
En théorie, ce terme peut inclure les asanas du hatha yoga, mais en pratique, il n’inclut qu’un nombre limité de postures, notamment padmasana, le lotus. Selon Patanjali, le but de l’asana est d’équilibrer le système nerveux et énergétique.
4. Pranayama : maîtrise du souffle
Ensemble de techniques respiratoires qui permettent de développer l’énergie vitale – prana – dans le corps.
5. Pratyahara : retrait des sens
Pratyahara signifie « rassembler vers l’intérieur » et consiste à diriger la perception vers l’intérieur, à se couper de l’expérience sensorielle.
6. Dharana : concentration du mental
C’est l’étape précédant la méditation. Dharana consiste à fixer la perception sur un objet à l’exclusion de tous les autres. Il peut s’agir d’un symbole psychique, comme un mantra, un concept, une divinité ou tout autre symbole qui suscite une attirance spontanée. Dharana requiert une pratique régulière et persistante.
7. Dhyana : méditation
Prolongement de dharana, dhyana surgit quand le pratiquant réussit à se concentrer sur le symbole psychique sur une longue période. Il est totalement absorbé par le symbole psychique. « Celui qui voit, celui qui est vu et l’acte de voir se conjuguent dans une unité et l’être fusionne en l’état de samadhi ».
8. Samadhi : superconscience
C’est un état de perception pure, dans lequel il n’y a plus de perturbations mentales.
Le yoga est une méthode grâce à laquelle la conscience se déconnecte de son association avec le mental et le monde manifesté. Le résultat, c’est le yoga ou union. L’expérience de cette séparation mène à la réalisation de l’unité de toutes choses.
Nishchalananda Saraswati
Source :Propos sur la liberté, commentaires des yoga-sutras de Patanjali, swami Satyananda Saraswati, Éditions Satyanandashram